Mathilde de Goër de Herve, peintre à Kerdavid

Extrait de l'article

Mathilde de Goër de Herve (1872- 1940), peintre amateur de talent, a résidé en face de l'actuelle crêperie du Kerdavid à Saint-Pierre. Elle a peint des vues de la presqu'île entre 1921 et 1929.

Participants à la rédaction de cet article

Entretien avec Geneviève Bénard et Benoit de Rocquigny par Gaël Le Bourgès et Jean-Louis Guého
Rédaction par Jean-Louis Guého

Copie des images et textes interdits sans l'autorisation de KER1856

Mathilde son histoire :

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir une artiste méconnue de la commune de Saint Pierre Quiberon : Mathilde de Goër de Herve, femme indépendante et libre, pour son époque, peintre amateur de talent, qui n’avait pas besoin de vendre ses œuvres pour vivre. Voici son histoire….

De nombreux artistes-peintres sont enterrés dans le cimetière de la commune de Saint-Pierre, Mathilde de GOËR est l’un d’entre eux. Née Marie, Guislaine, Mathilde de FRANCE le 25 octobre 1872 à Maintenay dans le Pas-de-Calais, elle est la quatrième d’une fratrie de dix enfants. Ses parents sont: René-Charles, Guillain de FRANCE et Jeanne, Marie, Zénaïde de ROCQUIGNY.
Elle s’est mariée le 16 octobre 1908 dans son village natal de Maintenay dans le département du Pas-de-Calais avec un militaire Jean-Marie de GOËR de HERVE, capitaine au 3ème régiment d’infanterie légère d’Afrique. Le couple aura deux enfants : un fils René né le 12 janvier 1909 en Tunisie à Aïn Draham et une fille Louise née le 19 août 1913 à Mayenne.
Jean-Marie sera tué lors de la Grande Guerre à Virton en Belgique le 22 août 1914 il sera inhumé au cimetière militaire de Bellevue au Luxembourg. Mort au champ d’honneur il sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur avec une citation : « a pris part au combat du 22 août 1914. Debout au milieu des balles et des obus, à environ 100 m des tranchées ennemies, ne cessait d’encourager ses hommes, montrant le plus grand mépris de la mort. A été tué d’une balle à la gorge. »

40 ans plus tard, le sort s’acharnera sur la famille, son fils René étant tué au combat en Indochine à Loï Dong le 16 juillet 1954 laissant sa veuve Cellick THEVENARD seule avec ses deux filles.

Veuve de guerre à 47 ans, avec deux enfants, René et Louise, Mathilde va quitter Mayenne pour s’installer à Vannes, afin que son fils puisse faire son entrée en 6ème chez les Jésuites. C’est depuis Vannes qu’elle arpentera la région, passant quelque temps à Saint-Pierre à la pension de famille « Mount Holyoke » tenue par les demoiselles LAURENT. Elle en profitera pour observer de sa fenêtre l’ancienne église de Saint-Pierre qu’elle peint à l’aquarelle. Nous pouvons remarquer qu’elle l’a peinte en surplomb du deuxième étage de cette demeure.

Aimant beaucoup peindre Belle-Ile, le Golfe et la côte sauvage, elle acquit la maison « Ker Ais » dans la commune, située sur l’actuelle route départementale en face de la crêperie du Kerdavid.

Ne voulant pas retourner chez ses parents dans le Nord de la France, elle préféra vivre libre, restant toujours veuve et indépendante, sans se remarier. La poésie et la peinture lui suffisaient. Elle écrivait beaucoup de poèmes et correspondait avec beaucoup de gens. Elle n’avait pas besoin de travailler car elle pouvait vivre des rentes de ses terres, de fermages et de sa pension de veuve de guerre ce qui lui a permis de vivre comme une artiste à temps plein… sans souci matériel. Elle a vendu quelques tableaux aux gens qui l’embêtaient et en donnait à ceux qu’elle aimait bien. Si jamais un tableau était vendu ou offert, elle en faisait un double pour en conserver la mémoire.

La maison Ker Ais

Mathilde était donc une personne indépendante et libre qui voyageait avec la bonne, la cage à oiseaux de cette dernière, le chien « Rohu » un fox-terrier, et le fils de la bonne qui la suivait toute l’année de Saint-Pierre à Vannes où elle avait son appartement. 

Le bus s’arrêtait en face de « Ker Ais » ce qui permettait à chacun de l’emprunter pour repartir à Vannes pour la saison d’hiver. La fille de Mathilde, Mme LAPEYRE reprit la maison et s’y installa de façon temporaire à partir de 1955, puis définitivement en 1970. Il y a peu encore, la cabine de plage que Mathilde installait à Kerbournec, à l’époque, était encore dans le grenier de la maison.

Elle aimait voyager dans des pays lointains dont la Syrie, suivant son mari (Capitaine du bataillon d’infanterie légère d’Afrique dès 1907). Ces voyages lointains et rares pour l’époque surtout pour une femme, sont bien documentés grâce aux nombreuses photos conservées par la famille. On peut y voir parents et enfants, à dos de dromadaire ou en expédition dans le désert. Une vraie aventure pour l’époque.

Mathilde peintre :

La peinture de Mathilde était de style figuratif et, ne sachant pas peindre les visages, elle préférait les paysages et les maisons de la presqu’île, qu’elle peignait avec minutie et dans des couleurs lumineuses. Par chance de nombreuses œuvres ont été conservées dans des dossiers par la famille, préservant ainsi une grande fraicheur de couleur. La plupart des tableaux sont datés (entre 1921 et 1929 pour les vues de la presqu’île) permettant ainsi de retrouver parfois des endroits familiers aux Saint-Pierrois tels qu’ils étaient il y a un siècle.

Tableaux de Mathilde de Goër de Herve. Collections Particulières

Port Blanc
Lotivy
Le Chromlech
Peinture du 20 juillet 1929, peut-être Keraud
La maison de Jeanne Le Hyaric rue du Manoir – Kerdavid
Peinture de 1929 emplacement du futur Hôtel Bellevue
Photo de l'emplacement du futur Hôtel Bellevue

Mathilde est décédée juste avant l’entrée des Allemands dans Vannes en 1940. Grande patriote, elle n’aurait pas supporté, si elle avait vécu, de voir l’ennemi dans les rues de la ville.

Toute sa vie, elle n’a jamais voulu avoir de « fil à la patte », elle aura ainsi tenu tête à son propre père, pour conserver son indépendance. Elle avait du caractère et ne se séparait jamais de ses enfants, même dans le cadre de ses voyages les plus lointains.

Mathilde est peut-être à l’origine de la vocation de peintre de BERNÉS qui habitait la petite maison face à « Ker Ais », l’actuelle crêperie du Kerdavid et à qui sa fille a donné ses fonds de peinture.

Lors de l’occupation allemande à Saint-Pierre , « Ker AIS » a été réquisitionnée. La famille a retrouvé dans une armoire les noms des occupants, inscrits à côté de ceux des enfants et de leurs tailles.

Ainsi s’achèvent les mémoires familiales de Mathilde de Goër de Herve, dont les œuvres illustrent cet article, nous espérons lui avoir rendu hommage, et faire connaitre ainsi son œuvre.

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