Serge LEROUX nous accueille dans sa petite maison d’été située à Portivy, « C’était la maison de mon grand-père ».
Serge est né en 1941 à Portivy. Il a été marin depuis l’âge de 16 ans en tant que mécanicien. Il est issu d’une famille de marins installés à Portivy.
Mon grand père, ce marin…
Mon grand-père, François Marie, mais tout le monde l’appelait Jean François, venait de la région d’Etel, plus exactement Le Magouër à Plouhinec. Il venait pêcher le merlan dans le secteur de Portivy. C’est là qu’il a connu ma grand mère (Marcelline HERIOT) qui habitait un peu plus bas, et ils se sont mariés en 1901.
A 9 ans, il était en mer, il est né en 1876. Il ne savait ni lire ni écrire, par contre c’était un bon marin, pas mon père, mais mon grand-père était un excellent marin.
Il descendait jusqu’aux Sables d’Olonne tout seul pour aller pêcher le homard et la langouste, sur un bateau sans cabine, et tout ça sans GPS ni cartes, c’était un sacré marin, pas mon père, mais mon grand-père…
Sa famille
Mon grand-père a eu trois fils : Pierre, Emile et Gustave (mon père). Pierre et Emile étaient des bons marins, mais pas mon père.
Pierre s’est marié avec Rose PLUNIAN (de Kerdavid, la tante de Jo Le Bourgès), ils avaient trois filles : Marie-Louise, Renée et Nénette (Antoinette) mariée avec un fils LE DONGE et qui n’a eu qu’un seul fils Éric. Renée a eu Emmanuel et Raphaëlle. Marie-Louise a eu une seule fille Frédérique, mais on ne les connaît pas trop, car ils habitaient à Lorient .
Le meilleur marin du coin, un roi dans la presqu’ile
Mon grand-père était un bon pêcheur, c’était un roi dans la presqu’île. Ils avaient avec ses frères un bateau qui s’appelait « les trois frères ». Un bateau qui avait fini premier lors d’une régate à voile, pour dire comme mon grand-père il savait naviguer.
Quand il sortait du port du Palais à Belle-Ile, tout seul à voile et par mauvais temps, tout le monde regardait la manœuvre. Rien à voir avec maintenant, les voiles étaient lourdes, et les bateaux peu manœuvrants.
Il était considéré comme le meilleur marin du coin, bon il y avait aussi Joseph MAGOUER qui était un bon marin, il était un peu parent avec mon grand-père et il venait lui aussi du Magouër.
Il savait où mettre ses casiers quand il allait aux Sables d’Olonne et je peux vous dire que ce n’est pas comme par ici où il y a des cailloux partout pour se repérer. Il avait tous ses repères dans sa tête, il ne savait pas écrire.
J’ai une grande estime pour mon grand-père.
On l’appelait « le grand LE ROUX », alors qu’il était tout petit. Comme mon père qui devait monter sur un caillou pour enjamber son vélo.
Mon père, c’était pas un bon pêcheur, il ne ramenait que des tacauds et nous on allait avec des brouettes pleines pour les vendre, mais personne n’en voulait, on nous disait « Oh j’en ai bien trop… »
Des surnoms
On appelait mon grand-père Jean François alors qu’à l’état civil c’est François, Marie. C’est tout le problème des noms et des surnoms. Ça me rappelle qu’il y avait Clément PERRET, l’arrière-petit-fils du premier instituteur de la presqu’île, que l’on surnommait « le babouin ».
Pourquoi ? Parce que ceux qui avaient fait le Cap Horn, c’étaient des jeunes qui montaient changer les voiles et là-bas, le vent il tourne souvent. C’étaient des gens agiles, qui n’étaient même pas attachés et si ils tombaient on ne leur envoyait pas de bouée parce que cela prolongeait leur agonie, des vrais singes. Voilà pourquoi on le surnommait « le babouin ». Un surnom qui valait toutes les décorations et dont ils étaient fiers. Ils avaient autour du cou un foulard rouge, c’était un signe de distinction qui indiquait ceux qui avaient fait le cap Horn et ça valait toutes les médailles.
Ma grand-mère
Ma grand-mère Marcelline c’était aussi une forte personnalité. Elle venait de Belle-Ile, elle a été élevée par son oncle qui était couvreur à Renaron, son surnom c’était « Retchinquette ». Pour son mariage ma grand-mère s’est lavée les cheveux (pour être belle), mais on ne pouvait plus faire tenir la coiffe à cause des cheveux propres. Il y a une vieille du village qui m’a dit « oui, oui, au mariage de ta mémé on a dû mettre du sucre pour faire tenir la coiffe, les cheveux étaient trop lisses ».
Quand mon grand-père est mort, c’est moi qui suis allé annoncer la nouvelle à Kerhostin, nous les enfants du village on était le téléphone de l’époque.
A suivre Serge LE ROUX, marin
Une réponse
Bonjour,
Bel article. Je connaissais bien les parents de Serge, Tatave et Henriette LE ROUX, nous habitions à une centaine de mètres.
Le passé du grand-père, je ne le connaissais pas et c’est une belle histoire que nous raconte Serge. Le pépé Babouin, je le connaissais aussI.
Bravo pour vos recherches.
Jp Le Duvéhat