Le lavoir de côte de Portivy aujourd'hui disparu
Il se situait au bord du sentier littoral allant de la pointe du Nangleseuil en direction du Toul Bragne. Photos ci dessus: vue aérienne du port de Portivy datant d’avant 1955. L’emplacement du lavoir de côte se situe dans le cercle, après la pointe du Nangleseuil.
Le lavoir côtier était une alternative au douet de Portivy (le lavoir) qui était trop éloigné pour les habitants se trouvant à la presse (la pointe à droite du port), ou près de l’actuelle impasse de la mer (qui débouchait sur un sentier traversant le champ à Bouvais, donnant directement sur le sentier côtier).
Ce lavoir directement creusé dans le sable, en haut de la grève, à l’aplomb du chemin côtier a existé jusqu’au début des années 60.
C’était une construction sommaire, de forme carrée d’environ 3 mètres. Ses 4 murs en grosses pierres non maçonnées dépassaient à peine du sol. Le fond était garni de pierres plates et une étanchéité toute relative était réalisée avec du preuil.
Cette roche décomposée est une une sorte d’argile de couleur bleutée très malléable. Elle était très employée dans la presqu’ile comme liant, tant dans l’empierrement des routes que pour l’assemblage des maisons. Ma mère venait en recueillir ici en creusant la dune au niveau de la source pour réparer le foyer en fonte du vieux fourneau de la maison de ma grand-mère.
Du fait de l’accumulation d’eau douce, le lavoir était entouré de végétation.
A cet endroit, plusieurs sources sortaient de la dune et traversaient le chemin côtier pour se perdre ensuite dans le sable. L’une d’elle alimentait le bassin en eau douce, une autre creusée dans la roche servait d’abreuvoir aux vaches de mon oncle et de ma tante qui habitaient à deux pas, sur la pointe rocheuse qui donne sur le port. (Pointe du Nangléseuil.)
L’accès au lavoir était facile avec les brouettes, soit par le sentier côtier qui passait au niveau du haut de plage, ou par le petit chemin qui est devenu maintenant l’impasse du Men Toul.
Aux grandes marées, le lavoir se remplissait de sable. Quand les marées décroissaient, il suffisait de vider le lavoir avec un seau pour que l’eau redevienne limpide. Le lavoir a progressivement disparu après le décès de mon oncle Urbain Henrio en 1962, effacé progressivement par la mer, mais les sources sont toujours là.
L’eau douce qui disparaissait sous la plage après être passée dans le lavoir ressortait ensuite à la lisière du sable et des roches. Cette eau saumâtre faisait le bonheur de petites anguilles qui trouvaient refuge sous les cailloux. On en trouve encore de nos jours.
Mon oncle avait un goéland apprivoisé appelé Kapi. Devenu sédentaire, il était friand de ces petites anguilles.
Le trait de côte a été entièrement remodelé à cet endroit en le remblayant. Le sentier étroit de l’époque qui suivait le relief, était très mouillé dans les points bas.
La dune au-dessus du lavoir portait le nom de « champ à Bouvais » très grand terrain appartenant au propriétaire de la conserverie du même nom.
C’est à cet endroit que ma grand-mère brûlait son goémon avant la dernière guerre pour en récupérer la soude.