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L’usine d’iode avant la Bonne Bretonne
C’est en 1923 que Messieurs Auguste MANUEL & CHABOT achetèrent à la famille Le GLOAHEC la Société des Produits Chimiques, l’usine de soude et d’iode et la distillerie de Saint Pierre Quiberon.
La Distillerie qui se trouvait à l’emplacement du Centre Culturel actuel.
La Bonne Bretonne créée en 1929
En 1929, Auguste MANUEL, qui était ami avec Arsène SAUPIQUET de Nantes crée la société de conserve LA BONNE BRETONNE.
Au démarrage c’était une champignonnière et une conserverie de champignons et de légumes.
Souvenirs d’Annick-Laure de REURE – d’après le livre de Pierre LIVORY « Mutine, la petite sardine »
L’usine « La bonne Bretonne ne fut pas autrefois une sardinerie. Mon grand-père, Auguste MANUEL, l’avais créé en 1929. Il était l’ami de monsieur SAUPIQUET et ils en avaient fait une champignonnière. Je ne peux pas vous dire combien de temps cela a duré. Malheureusement les champignons ne poussaient pas aussi bien que cela et l’usine a été transformée en sardinerie.
1929 à 1952 – Auguste MANUEL fut le PDG de la société.
1952 – année où il se retire pour laisser la place à son fils Jean MANUEL.
1969 août – Jean MANUEL décède, sa femme reprend le flambeau avec l’aide de mesdames FÉCHANT et SÉRISOLA. Elle accepta cette lourde tâche malgré les difficultés grandissantes que connaissait l’industrie sardinière. .
1970 – C’est son gendre Michel LORIN de REURE qui reprend la direction de l’usine. Mais cela ne va pas durer longtemps, il est obligé de fermer la conserverie en 1972.
Au début de son activité, LA BONNE BRETONNE fabriquait des conserves de légumes et de poissons. L’approvisionnement était facile ; les légumes cultivés dans le pays ou la proche région ; de nombreux pêcheurs du port d’Orange pour approvisionner en poissons : sardines et thons.
La main d’œuvre pour la sardinerie fut, comme l’atteste nombres de photos, d’abord des « Penn-sardines » expérimentées du Finistère, puis peu à peu les Saint-Pierroises furent recrutées de plus en plus facilement.
Pendant la guerre …
1940 – La guerre arriva. Le ravitaillement devint précaire. Il est dit dans le pays, que monsieur MANUEL avant l’arrivée des Allemands, distribua aux saint-pierrois toute l’huile qu’il avait en réserve à la « distillerie ».
De même, il avait stocké, dans le sous-sol de l’usine de l’huile qu’il put mettre, quelques mois plus tard, à la disposition de la municipalité.
Pendant la guerre, seules quelques conserves de viandes purent maintenir une activité épisodique, mais en 1943, l’usine dût fermer ses portes, les difficultés de pêche, puis en 1944 de la « poche de Lorient », devait faire durer cet état, encore une année après que le reste du pays fut libéré.
Tout était bon à mettre en boite se souvient Annick-Laure de REURE. Des tas d’épinards à même le sol dans la cour. Et je me souviens que l’on tuait des cochons pour les mettre en conserve. J’entends encore les cris de ces pauvres bêtes que l’on tuait dans la cour de l’usine.
Reprise de l’activité après la guerre
Après la guerre, l’usine reprit son activité, se consacrant peu à peu uniquement aux poissons : sardines, thons, sprats, anchois, coquilles saint jacques.
Souvenirs d’Annick-Laure de REURE : ensuite, mon père Jean MANUEL a repris l’usine, en 1954, en modernisant la fabrication. Mon papa a lancé les petits pâtés de sardine en boîtes gourmandes. A son décès, en 1969, ma mère reprend le flambeau avec l’aide de madame FÉCHANT et de Suzanne SÉRISOLA. En 1970, mon mari Michel LORIN de REURE a repris la direction de l’usine. Mais en fait cela n’a pas duré longtemps et il a fallu fermer en 1972.
Au fil des années l’usine se modernisait. Si elle conservait son aspect extérieur ancestral, elle s’enrichissait d’installations modernes, toutes étudiées en vue d’un meilleur rendement et d’une meilleur qualité : achat de sertisseuses automatiques rapides, cuves de saumurage où l’immersion se faisait par commande électrique, chemins transporteurs, deux chambres froides, une étripeuse et surtout un tunnel de cuisson à air chaud qui permettait un travail continu, sans ces pauses d’attente entre les opérations de séchage et de friture. Cette cuisson, d’autre part, en éliminant les graisses naturelles de la sardine et en supprimant l’huile de friture recuite assurait aux conserves une qualité et une digestibilité reconnues par la clientèle.
Les difficultés s’enchainent
La main d’œuvre puis le poisson
Tout était donc réuni pour de bonnes conditions de travail mais, hélas, les difficultés s’accumulèrent. La main d’œuvre diminuait au lieu de 75/80 ouvrières inscrites en 1956, le chiffre s’amenuisait à mesure que le tourisme prenait de l’extension ; hôtels et commerçants phagocytent les employés pour la saison. Le travail du « tourisme » est moins dur.
C’est à peine 52/55 femmes qui pouvaient être réunies en saison y compris les étudiantes inscrites pendant leurs vacances. Mais avec ses moyens de production accrue, l’usine aurait pu tourner normalement si, le poisson n’avait pas fait défaut.
L’année 1956 a été semble-t-il le chant du cygne de la pêche. L’usine avait traitée 350 tonnes de sardines plus les poissons annexes. Une sardine régulière c’est 25/30 poissons au kilo en moyenne.
En 1957 le tonnage tombait à 175 tonnes et depuis lors, à part deux ou trois années, toutes furent plus que médiocres.
En outre le poisson devenait de plus en plus gros pour ne présenter ces dernières années que des sardines de 14/18 au kilo, sinon moins encore, rendant le travail de plus en plus difficile et les rendements désastreux puisqu’il fallait sacrifier une partie de la longueur du poisson pour l’emboîtage.
Les pêcheurs se lassaient de revenir avec si peu de prises et abandonnaient les uns après les autres pour aller sur les grands chalutiers ou au commerce. La flottille sardinière qui comptait plus de cent unités après la guerre se réduisait à sept ou huit bateaux en 1971 et bien que les conserveries de Quiberon soient réduites à 5 contre 14 après la guerre, les approvisionnements devenaient insuffisants pour assurer une activité rentable et ce malgré l’apport de sardines marocaines, toute la volonté de maintenir quand même LA BONNE BRETONNE il a fallu se rendre à l’évidence. La conserverie n’était plus rentable.
D’autre part, les exigences administratives mettaient LA BONNE BRETONNE dans l’obligation de refaire toute l’installation électrique qui ne répondait plus aux nouvelles normes. La réfection également des sols des ateliers (où pourtant jamais personne ne s’était blessé) ; des exigences incompatibles avec la quasi disparition de la pêche c’est ce qui décida le conseil d’administration de cesser l’activité de la société.
Pourtant le réseau de vente directe aux touristes ou par correspondance, instauré il y avait deux ans, prenait de l’extension et ne cessait de s’accroitre, mais le moyen de fabriquer des produits de qualité, sans une sardine bretonne qui avait désertée nos côtes n’existait plus.
Arrêt de l’usine en 1972 puis destruction en 1973
Lorsque se sont écroulés les derniers murs de l’usine sous la poussée des bulldozers et que disparaissait à jamais du bourg Saint-Pierrois la présence physique de celle-ci, plus d’une Saint-Pierroise aura été émue en voyant démolir les ateliers où elle avait passé tant d’heures de travail certes, mais égayées par les chants et une ambiance de bonne camaraderie.
Une résidence fut construite en 1975 en lieu et place de l’usine. Seul souvenirs de celle-ci, l’ouverture d’une rue baptisé « rue de l’usine » ; bien des tuchentils se demandent où se trouve cette usine !
Documents ci dessous collection privée de Gaël Le Bourgès
Source : documents dactylographiés de M. Le PESSEC « La Bonne Bretonne » et Souvenirs d’Annick-Laure de REURE – d’après le livre de Pierre LIVORY « Mutine, la petite sardine »
3 Responses
Bonjour
Compliments pour ce retour sur l’histoire
Vous auriez du me contacter, j’ai des documents en complément qui pourraient figurer sur le site (plaques de verre et plans).
Une erreur à corriger, le groupe de femmes en coiffe sont des bigoudènes et non des ‘Pen Sardines’; appellation exclusivement réservées aux femmes portant la coiffe de la région de Douarnenez.
Bien des St-Pierrois se demandent où est la distillerie, nom de la ruelle qui démarre au restaurant et part vers le sud…
Amicalement
D.Hillion
Encore bravo. Ces souvenirs sont précieux. Petit détail, la résidence à été construite en 1974 (début des travaux septembre 1973) et livrée pour l’été 1974.
Bonjour,
Merci pour ces informations.
J’ai toutefois un problème de dates.
En effet, vous datez la construction de l’usine, que j’ai bien connue étant petit, en 1929.
Or la villa Ker Ar Men (qui jouxte la villa Saint-Joseph) a été construite en 1927, d’après l’historique que nous en avons ; et sur la deuxième photo de votre article, Ker Ar Men ne figure pas…
Soit l’usine a été construite avant 1927, soit Ker Ar Men a été construite après 1930, ce qui ne colle pas avec la chronologie des propriétaires.
Avez vous un complément d’informations sur ce sujet ?
Je vous remercie pour de futurs éclaircissements.
Louis