Association pour la découverte et la promotion du patrimoine de St Pierre

Le café d’Alice à Portivy

Extrait de l'article

Monique Noé née Le Duvéhat et Charles Noé témoignent sur leur enfance à Portivy. Que de souvenirs et d'anecdotes autour du café d'Alice, la mère de Charles !

Participants à la rédaction de cet article

Entretien de Monique Le Duvéhat et Charles Noé par Gaël Le Bourgès et Jean-Louis Guého
Rédaction de l’article par Jean-Louis Guého.

Copie des images et textes interdite sans l'autorisation de KER1856

Extrait de l'article

Monique Noé née Le Duvéhat et Charles Noé témoignent sur leur enfance à Portivy. Que de souvenirs et d'anecdotes autour du café d'Alice, la mère de Charles !

Participants à la rédaction de cet article

Entretien de Monique Le Duvéhat et Charles Noé par Gaël Le Bourgès et Jean-Louis Guého
Rédaction de l’article par Jean-Louis Guého.

Copie des images et textes interdite sans l'autorisation de KER1856

Le café d'Alice

Charles- Mes souvenirs de jeunesse à moi c’est le port de Portivy. J’ai toujours vécu là, je suis né en 1946, sur le port chez Bertine, au « Café du port » où il y avait un petit logement que mes parents avaient loué à cette époque. Quelque temps après ma naissance, vers 1950, ma mère a acheté le café sur le port qui était tenu alors par Fifine GIQUEL et je suis retourné dans un café.

Mon père c’était Charles NOÉ et ma mère Rose Alice PERRET (il y a plein de PERRET dans le coin). Ma mère est originaire de Portivy. Elle est née à Quiberon mais a toujours vécu à Portivy. Elle y est arrivée très jeune et elle y a connu mon père qui était dans la marine nationale, la « Royale». Il est pourtant alsacien !

J’ai pas beaucoup bougé du port, j’ai toujours été dans les « canotes » à godiller, à la plage derrière le quai, à me baigner dans le port. Tout était vraiment concentré dans ce lieu. Moi j’ai surtout les souvenirs des anciens, il y avait un folklore terrible sur le port, tu n’avais pas besoin d’aller au cinéma. Il y avait les frères LAUTRAM : Lolo, Émile et Henri dit « Tricht », et Jeannot LOREC qui habitait la maison derrière le café de ma mère.

Ils en prenaient une [NDLR : cuite] le matin, ils allaient dormir sous les bateaux ou ailleurs et ils en prenaient une autre le soir; ça chantait tous les soirs, c’était la fête. Je me souviens de Jeannot LOREC, dit Jeannot Lapin, il était chez ma mère Alice. Il en prenait une bonne le matin. Pour aller dormir à midi, il se tenait aux murs pour aller jusqu’à la maison de sa mère derrière le bar (c’est nous qui avons refait la maison de Marianne LOREC).  Il allait faire la sieste après manger et il disait toujours : « Je vais faire la sieste dans le petit canote », c’est parce qu’il avait une petite chambre et il disait : « Ce soir je vais dormir dans le grand canote » son grand lit.

Lolo et Emile

Monique -Lolo comme Emile se faisaient photographier par les touristes, ils prenaient la pose assis sur un casier ou sur une plate avec les touristes ou seuls, ils faisaient un sourire pour avoir quelques sous qu’ils dépensaient aussitôt chez Alice. Ils donnaient aussi un coup de main à l’un, à l’autre, pour remonter des casiers ou pousser la remorque jusque chez le mareyeur LECHAT.

L’après-midi Lolo prenait le chemin du Fozo par la côte pour aller faire la sieste sous les tamaris et nous, nous allions à la plage du Fozo, alors en passant, avec une moumoute, nous les enfants, nous étions là à le chatouiller, il ne levait même pas la tête.

Charles -Tous ont été un peu matelots sur les bateaux à Portivy. Je ne crois pas qu’ils aient vu autre chose. Ils avaient quand même de petites retraites d’inscrits maritimes.
J’étais toujours à traîner dans le café de ma mère et tout jeune, ainsi, je faisais souvent le quatrième aux cartes, à la belote ou à la « vache ». Je savais jouer à la « vache », c’est un jeu de cartes dans lequel les partenaires peuvent se communiquer des informations par signes prévus entre eux, à l’avance. Maintenant c’est perdu !

Café de Fifine : Emile Lautram - Lili Coriton - Fifine Gicquel - Jean Moëllo - Henri Lautram - Léon Coriton

Moi je passais mon temps entre le café et le port. Je ne bougeais pas de là. A l’époque, les pêcheurs, c’était au « rouge ». Ils étaient souvent au bar en revenant de pêche. Le dimanche ils buvaient un petit « Ricard » ou un « Raphaël » et moi justement j’ai appris à boire: j’avais droit au « Raphaël », maintenant c’est une boisson que l’on ne voit plus.
La clientèle du café, c’était essentiellement les pêcheurs. Il y avait sept à huit bateaux de pêcheurs professionnels dans le port, des petits et des plus gros. Au retour de pêche, les patrons et les matelots venaient vendre leur godaille l’été aux « duchentils », au café sur la terrasse, où il y avait une balance Roberval.

Le Café d'Alice dans les années 50
La vente de poissons aux touristes
Alice Noé dans son café

Monique – Je me souviens avoir été à Vannes avec ma mère car à cette époque, nous devions contrôler tous les ans les poids des balances aux Poids & Mesures à Vannes. Et c’est pour cela que sous certains poids on pouvait trouver un petit morceau de plomb qui était la tare pour équilibrer le poids.
Un temps, le café avait comme enseigne chez « Charlot », mais tout le monde parlait du café d’Alice. Aujourd’hui il est devenu « L’annexe bar » tenu par une de ses petites-filles. C’était tout petit, alors mes beaux-parents ont acheté la maison derrière le café, la maison de Marianne LOREC pour en faire une crêperie.

Chez Charlot, le premier nom du café d'Alice

Qui était sur la photo ? de gauche à droite:

en haut : Mme Foc une touriste qui louait chez Jean Le Port; Charles Noé (père); un autre touriste; Jean Le Port.

en bas: M Foc; Pierrot Le Duvéhat, le père de Monique (avec le béret); Job la rouille (son surnom); un touriste; Vincent Le Duvéhat le grand-père de Monique; Jeannot Egain, matelot; un touriste.

Charles Noé père tient le bar

La boîte de la paie
« … La vente de la pêche se faisait surtout au café d’Alice, par contre l’argent de la vente des poissons et des crustacés était mis dans une boîte et à la fin de la semaine chez Ninette (Café du Port-Blanc) ou chez Bertine (Le Restaurant du Port) le patron-pêcheur avec ses matelots allait régler la paie de la semaine.
Lorsqu’il réglait la paie de la semaine, le patron-pêcheur faisait trois parts : une part pour le bateau, une part pour le matériel et sa part à lui. La part des matelots était égale à celle du patron. Selon la semaine et la pêche, la paie était importante mais, le plus souvent, un peu plus maigre… »

Les fameuses balances utilisées par les pêcheurs et un tableau de Berry

Monique a travaillé 24 ans avec Alice, sa belle-mère. Le souhait de Monique et Charles était que ce café redevienne un lieu de convivialité,

et … » L’annexe bar  » ouvre en 2018 : Chantal Pattedoie, la petite-fille d’Alice fait revivre le café de sa grand-mère sur le port de Portivy pour le bonheur de tous, et toujours en famille.  

Article du Télégramme du 16 avril 2018

Article Ouest-France du 19 août 2023 

La terrasse de " L'annexe bar "

L'école primaire 

Monique -Moi, j’ai fait toute l’école primaire à Saint-Pierre; on allait à pied à l’école. Je ne mettais pas de sabots parce que c’était trop lourd. Je mettais ce que l’on appelait des  » caoutchoucs  » avec des petits chaussons que ma grand-mère tricotait. Nous allions à l’école en bande, nous étions très nombreux car à l’époque il y avait beaucoup de familles à Portivy ; et des familles de cinq, six, sept enfants, chez les Le DUVEHAT, chez les GUÉHO, chez les HENRIO, les CORITON, les RODET. On allait tous à pied à l’école. A l’école publique, dans un premier temps, chez madame COGUIC, chez madame LESCOUËT puis chez madame GROUHEL; les garçons étaient chez M. BOURHIS (cela remonte à 1953-1954). C’était Marie MORIO qui nous surveillait, et l’école était anciennement dans le petit immeuble à côté de la Mairie qui s’appelle « Ty Ker ». Il y avait la grande école  où étaient ceux qui étaient dans les classes au-dessus : Mimi MORILLON, les filles VINET… etc.
Après ça nous sommes allées dans les baraquements sur la place du marché, la place du « Poul Bezin » où il y avait de la flotte partout. Lorsqu’on sortait on avait les pieds dans la gadoue parce qu’à l’époque il n’y avait pas de tout-à-l’égout…

Charles – Moi j’ai un souvenir de cabanes en bois un peu particulier : c’est qu’à une certaine époque tous les après-midis on allait boire du lait à la cantine. En France il y avait eu des excédents de lait et un politique avait décrété qu’il fallait donner du lait aux enfants… et aussi pour lutter contre l’alcoolisme [NDLR 1954 – Loi Mendès-France pour nourrir les enfants et pour lutter contre l’alcoolisme], c’était Élise BESSOUD qui faisait la cantine.
L’histoire des cabanes en bois c’était en attente de la construction de l’école des filles. Il y avait trois ou quatre baraquements sur la place là où se trouvait la « Coop » (actuellement SPAR). C’était une grande longère, séparée en trois ou quatre salles. Il y avait donc plusieurs classes dans chaque baraquement. Sur la place de la Marne actuelle, à l’époque il y avait des arbres, des platanes.

C’était monsieur CORAIRIE le Maire à l’époque. Je ne sais pas si on y faisait l’école, mais moi j’ai été à la cantine et au lait l’après-midi. Nous n’avons pas de photos, dommage.

Y aurait-il des photos de ces baraquements chez nos lecteurs ?

Il n’y avait pas que le café d’Alice

Il y avait chez Bertine, chez Ninette, chez Paulette, il y avait Armande, puis il y a eu Madeleine. Voir plan et liste des Cafés.

A : Café tenu par Fifine Gicquel puis vers 1950 par la famille Noé « le café d’Alice »,  devenu depuis « L’annexe bar » en 2018.

B : « Le café du Port Blanc » tenu par Ninette et Henri Henrio puis leurs enfants et depuis « Le bateau Ivre ». En 1899, « Le café du Port Blanc » s’appelait « Au soleil couchant ». 

C : « A la Taverne » puis « Le petit Hôtel du Grand Large » et maintenant « Rivages ».

D : « Le restaurant du Port » chez Bertine (tenu auparavant par sa mère Stéphanie Chanjour).

E : Café de Madeleine Moello à partir de 1960. 

F : Café d’Armande Guého (la tante de Jean-Louis) – fermé en 1960 . La licence IV a été reprise par Madeleine Moello qui a ouvert son café.

Localisation des cafés de Portivy et Renaron

Merci à Monique et Charles d’avoir partagé avec nous leurs souvenirs, et de nous permettre de voir différemment  » L’annexe bar « .

 

Inscription dimanche 18 sept le costume de mariage

Pourquoi KER1856 ?

KER: un village , un lieu qui nous rassemble

1856 : création de la commune de Saint-Pierre

Le saviez vous ? le village de Saint-Pierre n’existe pas.