De la décision de la construction en 1878 à l’inauguration en 1882
L’instigateur de la construction d’une ligne de chemin de fer dans la presqu’ile de Quiberon, a été le ministre de Travaux publiques Charles de Saulces de Freycinet[1] (1877-1879).
La décision de la construction a été prise en 1878. Le 18 mai 1879, les ministères des Travaux publics et de la Guerre déposent le projet de la construction de la ligne de chemin de fer. Tout a été pris en charge par l’État, les communes traversées ont concédé les terrains ; la construction de la ligne a été menée par l’administration des chemins de fer de l’état puis mise en service en 1882 par la Compagnie du chemin de fer de Paris-Orléans qui l’a exploitée jusqu’en 1938 dès lors le P-O devient la SNCF Région Ouest.
L’Inauguration de la ligne Auray-Quiberon le dimanche 23 Juillet 1882 par le maire de Quiberon Jean-Louis ALLAIRE, a été mouvementée, en effet, moins d’un siècle après la guerre entre les Blancs et les Bleus les passions sont encore très vives entre les autorités républicaines et l’autorité ecclésiastique. La venue de Mgr Bécel, évêque de Vannes, n’est pas vraiment souhaitée par le conseil municipal, ils y ont été contraints par leurs épouses qui menacent de s’enfermer dans le fort de Penthièvre. Mais on refuse à l’Evêque de venir bénir la locomotive au départ du train à Auray. Du coup il s’abstient de venir à l’inauguration de la ligne. Pourtant à l’arrivée du convoi à Quiberon l’Evêque est présent et s’ensuit un imbroglio entre le Maire, le Prélat et le Préfet[2].
Le pourquoi de la construction ?
Outre que le plan Freycinet veut désenclaver les régions excentrées deux raisons essentielles semblent diriger la construction d’une ligne de chemin de fer dans la presqu’Ile. Cet axe a un double intérêt.
Intérêt stratégique. La presqu’Ile (et les iles) ont toujours été convoitée par des forces étrangères, par les Anglais, les Hollandais, et même les Espagnols, car il s’agissait de contrôler la route des navires de l’Europe du Nord vers le Bassin Méditerranéen. Ainsi afin d’acheminer rapidement troupes et munitions vers les batteries de la côte la construction d’une ligne de chemin de fer semble indispensable aux autorités militaires de l’époque.
L’armée allemande dans les années 40 l’avait bien compris en transformant la presqu’île en camp retranché de peur d’un débarquement dans la baie comme en 1795.
Intérêt économique. A la fin du XIXème siècle « Port Maria » à Quiberon était le premier port sardinier français. En 1880 la France a le monopole de l’exportation de la sardine à l’huile.
Si on ajoute l’importance de fournir rapidement le marché parisien en poissons frais ; c’est la pêche qui va générer le désenclavement de la presqu’île grâce au chemin de fer. Puis le tourisme prendra la relève après les difficultés de la pêche à la sardine vers 1887.
Les sources : Merci à Didier Jlvt – I Love Portivy
• La vie du rail 1982, Chaix SNCF des années 1951 et 1961, Guide Hachette Bretagne 1912.
[1] Homme politique et ingénieur français. Son nom reste attaché au plan « Freycinet » dans le but de désenclaver les régions mal desservies par le train.
[2] NDRL – VOIR les articles sur l’inauguration dans « La gazette du Morbihan » et le journal « L’Avenir du Morbihan »