Un peu d’histoire familiale
« … Je suis née le 13 mai 1942. Je suis la dernière enfant, avec mon jumeau Alphonse, d’une famille de 7 enfants. Une fille est morte à la naissance : Angèle. Les autres enfants s’appellent : Vincent, Pierre, Victor, Jeanine, Noëlla, Alphonse et Raymonde (jumeaux, lui né le 12 mai et Raymonde le 13 mai 1942).
Nous sommes nés jumeaux mais séparés de quelques heures ce qui a fait que nous avons des dates de naissance différentes, c’est peu commun.
Mon père, Pierre Marie RIO, était né à Saint Pierre le 30 juillet 1903 et décédé en mars 1981.
Mon grand-père était pêcheur à Portivy.
Ma grand-mère avait des champs où elle faisait pousser des pommes de terre route de Portivy.
Vincent Le PORT, le beau-frère de notre père, était lui aussi pêcheur à Portivy. Il pêchait la sardine sur son bateau « le Léontine-Joseph », du prénom de ses deux enfants.
Mon père est parti à Londres pendant la résistance. Il a rejoint le général de Gaulle et vécu 3 ans dans l’armée de Libération. Lorsqu’il est rentré nous, ses enfants, comme on ne l’avait jamais vu ou si peu, on l’a appelé « Monsieur ! ».
Les recherches sur cette période de sa vie sont en cours.
Nos parents ne nous parlaient pas trop d’eux. On ne causait pas avec les enfants, on se taisait sur le passé. Ça ne se faisait pas !
Mon père était marin dans la Marine marchande, parti 7 à 8 mois à chaque embarquement. C’est ma mère qui nous a élevés.
Une vie locale tournée vers l’agriculture
J’ai passé toute mon enfance à Kerhostin et aussi ma vie d’adulte.
Ma mère travaillait dans nos champs. On plantait les pommes de terre avec l’aide du cheval de Monsieur TALLEC qui habitait au Rouzen, avant le Zal (à droite, juste avant le grand rond-point, quand on va vers St Pierre ). On avait nos légumes pour nourrir la famille.
Les champs étaient vers le camping de Saint Joseph de l’Océan. Les pommes de terre poussaient bien.
Le blé poussait aussi dans les champs et on coupait, on battait le blé avec les voisins. On faisait les battages devant le champ de Tante Victoire, sur la place MAUFRA, à Kerhostin. On s’entraidait, on faisait ensemble.
On allait chez Maria DESTRÉE ramasser le foin, que l’on gardait au grenier (toutes les maisons avaient un escalier extérieur pour y monter, appelé « dorgail ».
Et nous, les enfants, on nous faisait monter au grenier pour le tasser en sautant dessus.
Alors, on sautait, on sautait et on s’amusait bien !
Quand c’était fini Tante Maria nous disait « Allez les enfants, on va boire une petite goutte de picherel ! » C’était de l’eau de vie !
On aimait çà, on avait 14, 15 ans. On rentrait à la maison bien gais.
Les années d’éducation et les premiers métiers
J’ai été à l’école à Kerhostin en CM1/CM2 (photo). Personne ne nous aidait à faire nos devoirs. Puis à Saint Pierre. Puis j’ai été apprendre la couture à l’école ménagère à Quiberon.
un souvenir de cantine….Il y avait aussi Tante Titine, qui travaillait à la cantine de l’école publique de Quiberon. Elle nous donnait des plus grosses parts que les autres parce qu’elle nous connaissait ! Ensuite elle a tenu le café « Le Vivier ». Là-bas il n’y avait ni eau, ni électricité. Les marins qui travaillaient au vivier s’y abritaient pour manger le midi. »
L’été, j’allais travailler chez les touristes, à 18 ans, au « Home des Pins » à Penthièvre.
On appelait « Tante » des gens qui n’étaient pas de la famille, mais proches par le voisinage.
Je me suis mariée le 27 juin 1970 à Saint Pierre avec Jean Maurice BOURON. Nous avons eu 3 enfants : Gilbert, Maëlle et Romain. »
Souvenirs de Kerhostin
On tuait le cochon sur la grande place, face à la Chaloupe (NDLR : actuelle place Duval Gozlan). Le boucher de Saint-Pierre venait pour cette occasion.
Kerhostin était très habité dans le temps. Il y avait environ 600 personnes dans le village !
Le « café de Penthièvre » accueillait les bals des noces dans la grande salle. C’était le café des bidasses du Fort Penthièvre. Il y avait des tables de ping-pong dans le bar. »
Les commerces de Kerhostin
NDLR : sur les commerces de Kerhostin voir aussi notre article Kerhostin dans les années 1950-70
Sur la grande place (actuel place Duval Gozlan):
Le café de Nana CHOUA sur la place, c’est « la Chaloupe » aujourd’hui. Ce café, hôtel, restaurant appartenait à Léontine Le Mauguen, la première propriétaire.
Tante Anna : « Au Bon Accueil »
Anna GARNIER tenait le « café de la gare » de Kerhostin, près du fournil de Laurent GOUZERH.
Une petite maison en ruine a été abattue devant la « Chaloupe » lorsqu’on a fait le grand parking.
Les épiceries
Une petite épicerie tenue par Louise GUILLEVIC
La Coop Lorientaise
L’épicerie de Florine Maingui, face à la boulangerie, rue Hoche (où on trouvait de tout!).
L’épicerie de RUFFINE (de tout!)
L’épicerie rue des Emigrés
L’été l’épicerie des Le GALL
2 Boulangeries dont une avec un café (celle de Laurent GOUZERH)
2 boucheries : Michel PIERRE et Albert Jehanno.
Sur la grande route :
La poissonnerie FAUCHEUR
L’électricien Bernard MAIRE et aussi marchand de journaux
Marchand de charbon : Mr GICQUEL qui livrait à domicile.
Le « café de Penthièvre » sur la route nationale et « L’Agence Celtique » dans le « café de Penthièvre » (voir photo ci dessus).
Rue de la Roche noire :
L’épicerie tenue par la mère de Jean Paul RIO : Marie RIO.
« On achetait des bonbons à l’épicerie, chez la mère de Jean Paul RIO. Elle était rue de la Roche Noire, presque en face de la maison de MAUFRA. Et il y a eu là, ensuite, une pizzeria.
Les fêtes religieuses
Pendant le mois de Marie, en mai , on avait le droit de sortir seulement pour aller chanter à la chapelle de Saint Joseph de l’Océan, avec le père DORVAL. Nous on y allait pour rigoler, on s’amusait bien sur le chemin.
Le 15 août on jetait des fleurs sur la route pour la fête de Marie.
A la chapelle de Lotivy c’était un grand pardon, avec des manèges ! La fontaine était très célèbre, on disait qu’elle exauçait les vœux, tout comme à Sainte-Anne d’Auray.
Pour les veillées mortuaires, elles duraient deux jours et deux nuits. On préparait le café, des charcuteries et tout le monde venait passer un moment. On mangeait ensemble, on disait des blagues. On mettait un chiffon noir sur les arbres, on s’habillait en noir.Les enfants aussi y participaient, c’était l’habitude. Aller voir le mort était une obligation.
Il y avait la messe tous les dimanches.
Souvenirs de Kerhostin et de ses familles
Sur la plage de Kerhostin :
« Il y avait la toute première Thalasso sur la plage. On chauffait l’eau de mer pour les touristes ! C’était comme un sauna. (voir photo ci dessous)
La plage à gauche de celle du village on l’appelait « la plage des pissous ! ». C’était celle des « duchentils » : les touristes qui habitaient juste devant la plage. Nos parents nous interdisaient d’y aller.
On jouait dans le bois de MAUFRA. Il y a eu un camping juste devant la plage de Kerhostin sur la falaise. Quand il y avait du tonnerre, on allait se cacher sous les arbres.
On a vu la mer gelée en 1963, on aurait pu aller à pied à Carnac. Les poissons venaient gelés sur le rivage et on les pêchait comme on voulait » .
Les familles et les villas:
Tante « Caramel » nous donnait des berlingots. Elle était institutrice dans une école libre de la Sarthe ! Elle venait en vacances dans sa maison à Saint Pierre.
La grand-mère des filles BOULAIRE, à côté de la « Chaloupe », la maison de Rosette qui en a hérité.
Le « Prieuré » la maison des SIGNORET, a été démonté dans la région de Tours et remonté pierre par pierre à cet endroit-là. Les pierres étaient chacune numérotées. Il n’y a jamais eu un prieuré à l’origine.
La plage bleue porte ce nom depuis peu de temps, à cause de volets bleus d’une maison.
Il y avait la maison des MASSON/POLIAKOV : les quatre sœurs POLIAKOF : Olga VAREN réalisatrice de télévision – Tania actrice connu sous le nom d’Odile VERSOIS – Militza actrice sous le nom d’Hélène VALLIER et Marina actrice sous le nom de Marina VLADY y ont vécu les vacances.
La ferme de Clairefontaine était la demeure de Maxime MAUFRA.
KER 1856 remercie Mme Raymonde Rio de nous avoir partagé ses souvenirs de jeunesse, où Kerhostin avait encore de nombreux commerces aujourd’hui disparus. L’entre-aide et les liens étaient très forts entre les familles. Kerhostin a gardé son aspect de village si joli et pittoresque, que résidents et association continuent de valoriser pour le plaisir de tous.
Merci aussi à Jean-Yves Le Port dont la collection de photos et cartes a permis d’illustrer cet article.
2 Responses
Merci de ces souvenirs partagés.
Merci Raymonde de nous transmettre l’histoire de Kerhostin, avec ces détails de la vie quotidienne qui la rende si vivante ! et Merci Armelle, de l’avoir retranscrit par écrit ! C’est très chouette ce projet de transmission ! merci