Saint-Pierre Quiberon a accueilli de nombreux artistes peintres sur son territoire. On ne cite plus Maxime MAUFRA, Léon DUVAL GOZLAN ainsi qu’Elodie LAVILETTE et Caroline ESPINET. Mais qui se souvient de la famille PAUVERT et des deux sœurs réputées dans le monde de la peinture, Marguerite et Odette première femme à obtenir le premier grand prix de Rome de peinture en 1925.
Une famille de peintres
Les parents Henri et Louise PAUVERT sont des peintres membres de la Société des Artistes Français.
Louise Marie Hortense est née en Bretagne où son père Frédéric Alexandre COCHET résidait en tant que préfet du Finistère. Son futur époux, Henri PAUVERT est originaire de Noé en Lot et Garonne. Il fut élève de l’école des Beaux-Arts de Toulouse, mais il vint rapidement à Paris pour recevoir les conseils d’artistes renommés comme Léon BONNAT.
C’est au Louvre qu’il va rencontrer celle qui deviendra son épouse. Dans le cadre de leurs études ils furent tous deux affectés à la copie du même tableau, ce qui est extrêmement rare, et trois mois plus tard, ils étaient fiancés. Auraient-ils été rapprochés par « La Joconde » qui était, sans certitude, la toile à copier.
Leur vie commune va les rassembler autour de thèmes communs. Henri était surtout un portraitiste et un créateur de natures mortes, Louise est plutôt miniaturiste, mais rapidement ils se retrouveront sur des réflexions et réalisations qui les mobiliseront intensément.
De l’union de Henri et Louise naîtra Marguerite en janvier 1902 et 18 mois plus tard Odette en novembre 1903.
Le lien avec Saint-Pierre Quiberon
Mais pourquoi cette famille toulousaine, quimpéroise, parisienne est-elle venue à Saint-Pierre Quiberon ?
Ils ne s’installeront que dans le 1er quart du XXe siècle, mais ils avaient des attaches familiales par l’intermédiaire de la famille RABOT avec qui ils étaient apparentés.
Ceux-ci possédaient plusieurs propriétés sur Saint Pierre, la villa « Er Veline » la villa « la batterie » située au nord de la plage de Kermahé, et le moulin de Kerbourgnec.
En 1923, Mme RABOT proposera aux PAUVERT de devenir ses voisins et leur cédera à son tour la propriété qu’elle avait acquise en 1918 et c’est sur cette parcelle que fut construite la maison des PAUVERT « la Palette ».
Elle se situe en bordure de mer au-dessus de la petite crique située au sud de la plage de Kermahé, un peu avant la plage de Kerbourgnec.
Henri et Louise résident 6 mois de l’année à Paris, et les 6 autres mois à St Pierre Quiberon.
MARGUERITE PAUVERT (1902-1983)
Une artiste reconnue
Marguerite est née à Paris le 12 janvier 1902. Elle fut à l’écoute de sa mère et même pendant ses plus jeunes années le dessin dominait son esprit et son savoir-faire.
Elle faisait remarquer ses premiers talents par les enseignants qui l’entouraient et qui l’invitaient à les développer lui permettant ainsi de rejoindre rapidement un établissement spécialisé rue Madame à Paris qui forme les professeurs de dessin avant d’entrer à l’École Nationale des Beaux-Arts.
Elle précédera sa sœur en tant qu’élève de Ferdinand HUMBERT et des deux professeurs réputés Émile RENARD et Henri ROYER. Cet atelier était réservé aux femmes
Elle n’exposera cependant au Salon des Artistes Français pour la première fois qu’en 1924 (exposition d’art qui se tient à Paris début février depuis 1880, et qui existe toujours). A souligner qu’elle n’a que 22 ans. Elle obtiendra cette année une médaille d’argent et le prix Théodore RALLI.
Elle concourt en 1924 et 1925 pour le prix de Rome, mais elle n’aura pas la même chance que sa sœur cadette, tout en étant chaque fois classée dans les 10 meilleurs candidats.
Des expériences à l’étranger
Trois ans plus tard elle recevra une bourse de voyage de l’État lors du salon de 1927 pour un tableau intitulé « Joie Populaire » œuvre illustrant un déjeuner sur l’herbe lors du pardon de ND de Portivy.
Elle réalise aussi une fresque murale pour le pavillon de la joaillerie lors de l’exposition universelle de 1937, effectue à cette époque un voyage au Maroc d’où elle rapportera dessins et carnets de croquis qui lui apporteront déjà une grande notoriété.
En 1938/1939, en pleine guerre civile elle intègre la 10ème promotion de la Casa Vélasquez à Madrid.
Peintre de genre, portraitiste, paysagiste miniaturiste, elle se rapproche professionnellement de ses parents.
Bien que peintre de portraits elle a traité des scènes typiques, notamment paysages et marines de Bretagne, mais aussi des sujets orientalistes comme une « scène de harem » en 1939. Elle a été fortement marquée par son séjour au Maghreb, et elle exprime cette influence dans ses toiles et ses dessins.
A son retour en France elle reprend l’atelier de ses parents à Paris au 109 rue du Cherche-midi (6ème arrondissement) avec sa sœur, et fait de nombreux séjours à Saint Pierre.
Prix de peinture et de miniature viendront récompenser son talent.
Elle donnera des cours de peinture à Saint-Pierre.
Dans le domaine du paysage, ses fréquents séjours à Saint-Pierre lui feront aimer la mer et les clichés maritimes.
Mme MAGGY-MARTIN, artiste et fille de Maître MARTIN ancien bâtonnier du barreau de Lorient, a été réfugiée à Auray pendant la dernière guerre et elle a eu Marguerite PAUVERT comme professeur de dessin. Soit elle venait à Saint Pierre, soit Marguerite allait à Auray pour ces cours pendant 3 ans jusqu’à ce que la presqu’île devienne inaccessible pendant la poche de Lorient.
Le plus grand souvenir qu’elle a conservé de Marguerite PAUVERT est la minutie de son travail, notamment dans la réalisation de miniatures.
Elle a séjourné longuement chez nous et nombre de Saint-Pierrois doivent avoir suivi ses cours et possédé des œuvres de Marguerite PAUVERT, notamment des tabliers peints.
A Saint-Pierre Quiberon, Marguerite avait un « coté fantasque, et faisait peur aux enfants. Tous ceux qui ont été en cours avec elle disaient, elles nous faisait peur, on avait la pétoche » .
Miniatures de Marguerite Pauvert
Marguerite Pauvert – tableaux du séjour au Maroc
Marguerite Pauvert – autres tableaux
Petit secret familial dévoilé par Thibaut, « Marguerite préférait les femmes aux hommes. Elle appelait même un de mes oncles « monsieur » alors qu’elle était proche de ma maman (Odile sa nièce, la fille d’Odette) qui est enterrée à ses cotés».
Elle est décédée le 15 février 1983, à Paris dans son petit appartement, et on ne la trouvera que plusieurs jours après. Elle est enterrée avec ses parents dans le cimetière de Saint Pierre, non loin de Maxime MAUFRA et de Léon DUVAL GOZLAN.
Il y a eu entre les 2 sœurs une évidente concurrence, voire une franche opposition.
Toutefois si l’on compare certaines de leurs œuvres des différences marquées dans le style nous font appréhender le coté doux (dans ses couleurs et formes) de Marguerite par opposition à celui d’Odette (voir la fontaine de Lotivy) qui est plus incisif.
La suite sera dédiée à Odette Pauvert , article qui sera publié le mois prochain
Une réponse
Merci beaucoup pour cet article. J’ai bien connu Marguerite Pauvert me rendant avec mes soeurs dans sa jolie maison aux volets bleus et l’escalier en colimaçon pour y poser. Nous avions droit à un goûter: un verre de lait chaud…accompagné d’un gros biscuit sec. Nous sommes bien heureuses de garder en souvenir de cette grande artiste à la coiffure reconnaissable, coupe au carré avec une frange, trois jolies miniatures…
Elle peignait ses volets comme elle réalisait ses tableaux, avec un pinceau très fin….
Artistiquement vôtre,
laurence Hermann